René Vautier - Films anticoloniaux
René Vautier a réalisé des films en Afrique dénonçant la colonisation. La beauté de l'Afrique et ce regard des plus critiques en font des documents d'une grande qualité. Comme il se doit, ils furent censurés.
On peut les retrouver ici :
www.dailymotion.com/victor_serge (Notamment celui-ci)
Plus d'informations sur René Vautier :
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« Dans un livre de mémoires paru en 1998 (1), René Vautier raconte l’extraordinaire saga d’Afrique 50, sa première oeuvre. Jeune diplômé de l’IDHEC, il part en Côte d’Ivoire tourner des images pour le compte de la Ligue de l’enseignement, destinées aux élèves des lycées et collèges de France, afin de montrer comment vivent les villageois d’Afrique occidentale française. Dès son arrivée, Vautier tourne tout naturellement sa caméra 16 mm vers des galériens noirs qui manoeuvraient à bras les énormes vannes d’une écluse du barrage de Markala-Sansanding. Il demande à un ingénieur - blanc, bien sûr ! - pourquoi le fonctionnement des vannes de ce barrage, qui fournissait de l’électricité dans toute la région, n’était pas électrifié. Celui-ci répond en riant : les nègres coûtent moins cher ! Vautier s’insurge, les ennuis commencent. Il rompt immédiatement avec la délégation menée par les représentants du gouverneur et part seul tourner le film qu’on lui avait commandé - " la vie du paysannat africain " - au nez et à la barbe de la gendarmerie coloniale qui le recherche dans toute l’Afrique de l’Ouest. Au terme d’un périple de plusieurs mois, il réussira, grâce à la solidarité d’Africains (dont quelques-uns sont devenus ensuite de prestigieux dirigeants de l’indépendance, Houphouët-Boigny, N’Krumah, Sékou Touré...) et, en France, de pêcheurs bretons, de juges et de douaniers, à rapatrier les bobines du film. C’est enfin par un subterfuge à la caserne de gendarmerie de Reuilly à Paris qu’il sauvegardera un quart des pellicules. En 1951, Vautier est condamné à un an de prison par le tribunal de Bobo-Dioulasso, sous le motif de treize inculpations. »
Jacques Moran (L’Humanité, 20 mai 2000)
(1) Caméra citoyenne. Mémoires, de René Vautier
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